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Rafael Nadal : une dernière Coupe Davis avant de quitter la piste

Séville, décembre 2004. L’Espagne découvre un drôle de matador prêt à laisser sa vie sur la terre battue andalouse. Débardeur grenat rehaussant des biceps gonflés à bloc, regard aussi noir que ses mèches de jais, Rafael Nadal (51e mondial) est lancé dans l’arène pour défier – raquette à la main – le numéro deux mondial en finale de Coupe Davis. Le bizut terrasse l’Américain Andy Roddick et offre un point crucial à son pays, qui soulève deux jours plus tard le saladier d’argent. A 18 ans et 187 jours, le gaucher devient le plus jeune vainqueur de l’histoire de la compétition de tennis par équipes et gagne un surnom qui ne se décollera plus de son bandana : le « Taureau de Manacor ».
Vingt ans plus tard, la légende espagnole aux 22 titres du Grand Chelem s’offre un dernier rodéo à domicile avant de faire ses adieux au circuit professionnel. Même compétition – certes, dans une version fort éloignée de son format historique –, et même région en guise de décor. A compter de mardi 19 novembre (et jusqu’à dimanche 24), Malaga accueille la phase finale de la Coupe Davis (quarts, demi-finales, finale) et les huit équipes qualifiées. Celle d’Espagne, emmenée par son capitaine, David Ferrer (ex-3e mondial), affronte mardi les Pays-Bas en quarts de finale. « C’est boucler la boucle, comme une de mes premières grandes joies comme joueur professionnel a été la finale de Séville en 2004 », justifiait Nadal dans la vidéo annonçant sa fin de carrière, diffusée le 10 octobre sur les réseaux sociaux.
Reste une inconnue : l’état de forme du joueur de 38 ans, dont le corps demande grâce après vingt-trois années sur le circuit professionnel. « Si je le pouvais, je continuerais à jouer au tennis, mais je n’ai pas la possibilité de jouer à un niveau qui me satisfait vraiment sur le plan personnel. J’ai voulu me donner l’opportunité de réessayer, cela ne s’est pas passé aussi bien que je l’aurais souhaité, je n’ai pas pu jouer sans me sentir limité. J’ai fait tout ce que j’ai pu et je l’accepte sans problème », a développé, lundi, l’ancien numéro un mondial, objet de toutes les attentions lors de la conférence de presse de l’Espagne.
Cette saison, il n’a joué que 19 matchs, son pénultième tournoi officiel remontant aux Jeux olympiques, à la fin de juillet. Avant de participer à la Coupe Davis, le Majorquin a fait un petit détour par l’Arabie saoudite à la mi-octobre pour prendre part à une lucrative exhibition aux côtés de Novak Djokovic, Jannik Sinner ou encore son compatriote Carlos Alcaraz.
A Malaga, le plus grand joueur de tennis de l’histoire de son pays est prêt à se sacrifier pour son équipe et à ne pas jouer en simple, voire à rester sur le banc de touche, s’il ne se sent pas compétitif. « Il n’y a pas de fin idéale. Les fins idéales se produisent généralement dans les films américains. (…) Ce que je veux, c’est que l’équipe soit compétitive et qu’elle puisse gagner la Coupe Davis. Mon plus bel au revoir serait la joie de gagner avec tout le monde. Mais je ne sais pas si je jouerai un match ou non. J’ai très peu joué ces derniers temps », concède Nadal, qui a essayé de « travailler aussi dur que possible depuis un mois et demi ».
Le vertige de la retraite imminente ? « Je n’y prête pas attention, assure-t-il. Je sais que ce sera un grand changement dans ma vie, mais j’y penserai plus tard. Je suis ici avec l’équipe et c’est ce qui me rend heureux. (…)  Si je suis sur le court, j’espère pouvoir contrôler mes émotions. Je ne suis pas ici pour prendre ma retraite, je suis ici pour aider l’équipe. Les émotions viendront à la fin. En attendant, il faut se concentrer sur ce que l’on a à faire. »
Malgré la fatigue d’une saison qui l’a vu remporter Roland-Garros et Wimbledon, Carlos Alcaraz a la ferme intention de se mettre en quatre pour offrir à son glorieux aîné la fin qu’il mérite et son cinquième saladier d’argent. « Nous voulons gagner le titre pour l’Espagne », récemment endeuillée par des inondations meurtrières, « et aussi pour Rafa », a assuré le numéro trois mondial au quotidien sportif Marca.
Que l’icône joue ou pas, le gratin du tennis – et même au-delà – mondial sera présent au bord des courts en dur du Palacio de Deportes de Malaga pour lui rendre hommage. « Tous les joueurs de tennis qui ont joué à la même période veulent être là. Et des athlètes d’autres sports, d’Espagne comme du monde entier, veulent aussi en être », a affirmé au début de novembre Feliciano Lopez (ex-12e mondial), directeur de la Coupe Davis. Novak Djokovic et Andy Murray ont fait savoir qu’ils ne voulaient pas rater l’événement, et il se murmure que Roger Federer sera lui aussi sur la photo souvenir.
Elisabeth Pineau
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